Déjanire - la création à Béziers



Les interprètes: comédiens et chanteurs

Lors de la création de Déjanire à Béziers le 28 août 1898, les interprètes principaux viennent tous de la capitale. La partie théatrale de l'oeuvre est jouée par des comédiens de l'Odéon; les deux rôles chantés (les choryphées) sont tenus par des chanteurs de l'Opéra de Paris.

La distribution est la suivante [LF 1898 28 aout] : (cliquer sur les noms soulignés pour accéder à la page consacrée à chaque artiste)

Rôles dramatiques

Déjanire:
Cora Laparcerie

Philoctète:
Henri Dauvilliers

Phénice:
Odette de Fehl




Cora Laparcerie (au centre) dans le rôle de Déjanire (revue "Le théâtre", Paris, sept. 1898)


Caroline Segond-Weber (allongée) dans le rôle de Iole (revue "Le théâtre", Paris, sept. 1898)


Rôles chantés

La choryphée:
Armande Bourgeois

Le choryphée:
Valentin Duc



L'orchestre, les coeurs, le ballet

Saint-Saëns dirige un orchestre immense, composée de la fusion de cinq orchestres différents [LF 1898 28 aout] : la musique de la garde municipale de Barcelone, la Lyre bitteroise, l'orchestre à cordes du théâtre Licco de Barcelone et du théâtre municipal de Béziers, un groupe de 18 harpes venant de Barcelone et de Paris, et un groupe de trompettes de Béziers.

Les choeurs d'hommes et les choeurs d'enfant viennent de Béziers, les choeurs de femmes de Paris et de Béziers. Si on en croit le Journal musical [LJM 1898], c'est un total un ensemble de quinze cents exécutants que dirige Saint-Saëns. Ce chiffre paraît exagéré: si l'on examine les photographies prises pendant le spectacle, la vérité semble plus proche de 150 exécutants que de 1500.

Le corps de ballet, enfin, est composé de soixante danseuses. [LF 1898 28 aout]


L'accueil par le public et la critique

La création de Déjanire a lieu à Béziers le 28 août 1898 devant un public estimé, suivant les sources de l'époque, entre 1000 et 30000 personnes. Le succès est immense.

Le Journal Musical du 10 septembre 1898 écrit ainsi:

"Devant un auditoire de plus de trente mille personnes, on a donné la première représentation de Déjanire, tragédie antique de M. Louis Gallet, avec musique de scène de M. Camille Saint-Saëns. [...] Aussi renonçons-nous à peindre le merveilleux effet produit par ce spectacle unique, inoubliable. L’enthousiasme était à son comble et il faut savoir ce qu’est l’enthousiasme dans nos provinces méridionales, pour comprendre les chaleureuses et multiples ovations qui ont été faites à l’auteur, Camille Saint-Saëns, à M. Gallet et à tous leurs brillants interprètes. Une bonne partie des ovations s’adressait à l’habile organisateur de cette fête artistique, le Mécène du Midi, M. Castelbon de Beauxhostes. C’est à lui et à ses nobles amis que l’art français doit un chef-d’œuvre de plus et l’initiation à un genre de solennité inédit jusqu’ici, et dont la France peut, à juste titre, se montrer fière." [LJM 1898]

et le Figaro du 29 août 1898 n'est pas moins enthousiaste:

"La première représentation de Déjanire, tragédie de M. Louis Gallet, musique de Camille Saint-Saëns, a eu lieu cet après-midi, quatre heures, aux arènes, devant une foule de 10,000 spectateurs. Le succès a été colossal : un véritable triomphe pour Saint-Saëns et ses interprètes.

A la fin du second acte, de frénétiques et interminables ovations ont éclaté de toutes parts ; Les noms de Saint-Saëns te de Gallet étaient mille et mille fois répétés par l’immense foule. Le maître a salué à plusieurs reprises, puis, tenant par la main son collaborateur, le poète Louis Gallet, il l’a présenté aux spectateurs enthousiastes. […]

Enfin, lorsque le cœur final lance ses dernières notes, les spectateurs se lèvent et se livrent à d’enthousiastes et frénétiques acclamations […]. Les ovations redoublent, l’enthousiasme est à son comble, c’est un véritable délire ! Saint-Saëns et Gallet montent sur la scène et serrent avec effusion la main des artistes qui ont contribué au succès de l’œuvre. La foule s’écoule, charmée et fasciné par la beauté grandiose d’un spectacle que rien ne saurait égaler."
[LF 1898 29 aout]